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Les tribulations d'un prof de maths !
30 janvier 2004

Une bonne journée.

 
M'étant blessé la veille au squash, le bras un peu abîmé, le genou en compote,  j'appréhendais donc une journée où les déplacements à travers la classe allaient se compliquer. Et oui ! Un prof ne reste pas derrière son bureau toute la journée, ca bouge dans la classe, ca va surveiller si le travail est fait, donner des conseils, expliquer des choses au tableau. En fin de compte on reste toute la journée debout. Toute la journée ? non, nous avons la salle des profs, où nous pouvons nous affaler dans des canapés dans des positions que nous interdirions à nos élèves en cours.
 
Trêve de plaisanterie, je ne pouvais utiliser mon bras en début de journée, j'avais déjà du mal à prendre une douche. Mais après l'annulation des cours de jeudi, les 3/4 de mes élèves devaient m'attendre pour une interro, et je ne pouvais pas leur faire le plaisir d'être absent. Et faire commencer des sixièmes la journée à 8 h du matin par une bonne interro sur les fractions, ca fait toujours du bien.
 
L'interro a paru super simple à ma première sixième, tant mieux. Je m'étais borné aux stricts objectifs du programme, sans déborder. Ca fait plaisir de voir des élèves qui réussissent les exercices. Enfin bon je n'ai pas encore corrigé, je vais petu-être avoir des surprises. Pour ma deuxième sixième (de niveau franchement plus catastrophique), le niveau fut un peu moins bon, et j'ai corrigé certaines des copies en "direct" : comme d'habitude, en 4 copies, j'ai 18, 16 , 3 et 2, tout ca pour vous montrer l'hétérogénéité qu'il peut y avoir dans les classes.
 
Le reste de la journée s'est bien passé. Mes quatrièmes avaient décidés d'être calmes et travailleurs, ce qui me changeait pas mal. On a bien avancé sur deux heures de cours, je vais pouvoir leur balancer une évaluation bientôt.
 
Quant à mes troisièmes, et bien là ce fut épique, comme à chaque cours. En plus d'un nombre conséquent et régulier d'absents, une petite bande de 5 élèves est arrivée en retard, le tout sans justificatif écrit (vous savez ces petits mots que l'on met dans le sacro-saint "carnet de correspondance"). Je leur demande donc de descendre à la vie scolaire (le bureau des pions pour les vieux du fond qui ne suivent pas, car on appelle ça "la vie scolaire" maintenant, pour faire pompeux), mais le problème c'est que je ne les ai jamais revus ! J'étais un peu énervé, surtout que demain ils ont une interro sur les racines, et ca leur aurait permis d'être bien au point. Après renseignements, ils ont été choppés par le principal qui, malheureusement pour eux, passait dans le couloir à ce moment là, sans motif de valable pour leur retard. Carnet, heure de colle, il leur a fait la totale. Ca fait du bien d'être soutenu par ses supérieurs (quoique ca aurait été bien de les voir revenir dans mon cours pour qu'ils bossent quand même!).
 
Du coup le reste de la classe a été très calme, car, vous supposez bien, ce sont un peu les "perturbateurs" qui n'ont pas pu assister à mon cours. Et ca fait du bien. Le calme, les autres ont pu bien travailler et poser pleins de questions. Un grand moment de bonheur. Bon il est vrai qu'il y a bien un élève qui m'a assez énervé pour que je lui dise "je vais te mettre une grande tarte". Evidemment levée de bouclier: "vous n'avez pas le droit messieur". Et là ma réponse a remis de l'ordre dans la classe pour le reste de l'heure, et j'espèrepour un bon moment : "et bien c'est vrai que je n'ai pas le droit, mais cela ne me gênera pas de lui en mettre une s'il m'énerve trop, quitte à perdre mon boulot !".
Ca a bien fait son effet, je la replacerai celle-là !
 
Enfin une bonne journée donc. Sauf un bémol, une collègue de francais très sympathique quitte le collège aujourd'hui, et nous a donc payé un coup. Nous avions quelques classes en commun, et donc beaucoup de contacts (nous allions au boulot ensemble). Cela  ne fait jamais plaisir de voir des personnes que l'on apprécie partir du jour au lendemain. La titulaire revient lundi, tous les élèves sont prévenus, et attendent avec peur le retour d'une prof dont la réputation de terreur la précède. Les petits sixièmes dont je suis professeur principal (je ne vous l'avais pas encore dit ?) vont avoir la peur de leur vie lundi je pense. Ne travaillant pas le lundi, j'aurais surement leur contrendu mardi matin, ainsi que celui de ma collègue, qui va surement me dire "oh ils sont énervés tes sixièmes !".
 
Oui,le "tes" de "tes sixièmes" vous choquent peut-être. Moi aussi il m'a choqué en début d'année, et pourtant maintenant je m'y fais. Et c'est presque devenu normal. C'est la première fois que je suis professeur principal, et je me suis rendu compte que ce rôle était très important, surtout pour des sixièmes pour qui vous êtes l'interlocuteur principal de la famille, le guide qui passe la journée avec vous le jour de la rentrée, la grande personne qui essaye de résoudre les problèmes à l'intérieur de la classe, avec les autres professeurs. Pour des petits bouts de chous de 10 ans, parfois 9, le rôle en est presque "paternel" (c'est d'ailleurs pour cela que certains vous appelle "papa" parfois), surtout dans un contexte social où avoir ses deux parents et une famille "normale" et devenue une denrée rare. Mais le rôle me plait beaucoup, je ne le lâcherai pour rien au monde.
 
Bon je vais aller me coucher quand même, il est tard, et je bosse tôt demain matin. Oui bosser le samedi matin, c'est quasiment la seule facette du métier qui me répulse le plus. Mais elle est tellement effacée par d'autres bons côtés dans ce boulot, qu'on se lève quand même avec la "banane" à 6 h du mat le samedi.
 
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Commentaires
M
"Vie scolaire" je ne le savais même pas et pourtant je n'atteindrai le quart de siècle qu'à la fin de l'année!!!<br /> ça fait plaisir de voir ton enthousiasme et tout...<br /> Keep going on
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