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Les tribulations d'un prof de maths !
29 janvier 2004

Nous allons faire les présentations.

Je vais d'abord vous expliquer pourquoi je ne vous donnerai ni mon nom, ni d'autres indices pouvant m'identifier.
 
D'une part je trouve ca très drôle. A la limite ca peut-être un jeu de retrouver où je bosse, ou qui je suis.
 
Deuxièmement, et c'est le plus important, je vais surement me lâcher dans ce que je vais dire, tant du côté des collègues, des élèves ou du reste. Donc garder l'anonymat sera surement une bonne chose pour moi et pour ces personnes.
 
Commencons par le début. Une scolarité générale classique, koolkang est un élève tranquille, qui ne travaille pas beaucoup, et en fait le minimum possible. Son prof de maths de terminale lui a donné l'envie de se lancer dans l'enseignement, tant sa maitrise et sa facon de passer les choses aux élèves était impressionantes. Il arrive en fac de maths-info avec la ferme intention d'atteindre l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (il lui faut donc une licence), en ayant choisi comme matière les mathématiques. Pourquoi les mathématiques ? Il ne sait pas lui-même. Son choix aurait pu se porter sur l'Histoire-Géographie qu'il apprécie également beaucoup. Mais son hors-sujet au bac d'Histoire et une note de 5/20 lui diront que ce n'est peut-être pas pour lui (et puis il y a les dates à apprendre ....).
 
Le voilà donc en fac, avec un bac C en poche (pour les petits jeunes du fond, un bac C est l'ancien Bac S option Maths). Pas de classes prépas pour lui, les notes ont été trop mauvaises, c'est ce que dit la version officielle. Je vous raconterai la version officieuse plus tard. La fac, et bien c'est le "Grand Bazar" (clin d'oeil à Alexandre D.), ce qui veut dire que pour les élèves sérieux comme lui (ouarf), c'est le début de la grande fiesta. Koolkang arrache péniblement son Deug au bout de deux ans avec 10,07 de moyenne.
 
En licence il a la moyenne à la fin de l'année, mais on ne lui accorde pas, car il a soit disant une note éliminatoire à une matière "obligatoire" (le obligatoire est entre parenthèses, car je vous raconterai plus tard une histoire là dessus). Il repasse sa licence l'année d'après, enfin une seule matière. 4 h de cours par semaine et une année finie en janvier. Dur dur ! Mais là commence la galère : Koolkang a bien la moyenne dans tous les modules de la licence, mais le jury ne veut pas se réunir pour lui accorder sa licence en janvier. Il ne peut donc pas prétendre, alos qu'il n'a plus de cours et qu'il a sur le papier sa licence, passer le Capes en mars avec tous ses anciens camarades de licence (le Capes est le concours officiel pour devenir professeur). Le voilà condamné à ne rien faire pendant 6 mois, à part commencer à suivre les cours de préparation pour l'année suivante, mais sans grande motivation. Sur toutes ces considérations administratives, j'ai beaucoup de choses à vous raconter, ne serait-ce que pour prévenir les jeunes qui débarquent à la fac. On verra ca plus tard.
 
L'IUFM. Ce grand monastère où l'éducation nationale essaye de former au mieux des fonctionnaires pour les jeter ensuite dans la cage aux lions.
C'est une école en deux ans, la première année préparant au concours, la deuxième étant réservée aux personnes ayant eu ce concours, et que l'on mettra dans un établissement l'année suivante.
 
L'année où il arrive (une année après ses camarades qui eux, l'ont eu le concours !), la gauche arrive au pouvoir, instaure un concours d'entrée à l'IUFM, et le nombre de postes au concours diminue de 10 %. Mauvaise nouvelle.
 
Koolkang suit donc assidument les cours de première année, des cours où l'on bachote le concours écrit pendant 6 mois. A la fin de l'écrit, il sait qu'il a réussi, à côté de ses camarades en pleurs qui savent qu'il repasseront l'année suivante. On prépare donc l'oral à l'IUFM, avec des professeurs qui n'ont jamais vu un oral de ce concours, mais ca il le saura plus tard. L'oral se passe bien, selon ses critères qu'il a appris à l'IUFM. En fin de compte les notes ne sont pas suffisantes, il lui manque 0.25/20 pour devenir prof ! Il tombe donc dans les 10 % de suppression de postes, et décide de ne pas voter à gauche cette année là. Comme il est un élève agréable et qui n'a pas raté à grand chose, l'IUFM lui propose de rempiler pour une année sans repasser le concours d'entrée. Koolkang veut devenir prof, il rempile.....
 
Mauvaise nouvelle en début d'année : les postes au concours sont encore diminués de 10 %. Koolkang se dit qu'il va encore tomber dedans cette année, un mauvais pressentiment. Pour info, chaque année 11 000 candidats se présentent, ce qui fait qu'un candidat sur 10 a le concours chaque année à peu près. Ce n'est donc pas donné à tout le monde !
Koolkang est encore "admissible" (il a réussi l'écrit), et va à l'oral ...... dans le plâtre. Mauvaise idée de jouer au tennis une semaine avant l'oral du concours. Il rate encore l'amdission, pour 0.5/20 cette fois, mais tombe encore dans les 10% de diminution. Koolkang ne votera donc jamais à gauche, ne serait-ce que par vengeance.
 
Un bon plan lui permet d'enseigner dans un Centre de Formation d'Apprenti pendant 2 ans. CAP boulangerie, mécanique, carrosserie, coiffure, esthétique, photographie, charcuterie, tout y passe. Un bon moment avec des collègues très sympas. Mais à la fin des deux ans, la chambre des métiers qui finance le CFA (qui ne fait pas partie de l'éducation nationale) ne peut plus me proposer beaucoup d'heures en maths. Koolkang y a enseigné les maths et la physique, et je vous raconterai plus tard pourquoi ce fut très intéressant. Par contre, il n'a pas eu le temps de bosser sérieusement l'écrit, et s'est ramassé deux fois de suite au concours du Capes.
 
Coup de chance, l'éducation nationale a besoin de lui, et l'appelle pour faire un remplacement toute l'année en lycée. Une année avec beaucoup de travail (c'est la première fois qu'il enseignait en lycée), mais malgré cela il décroche quand même l'écrit du concours sans l'avoir préparé, chose incroyable (quoique la droite est arrivée au pouvoir et le nombre de poste a augmenté de 30 % en deux ans !). La fin de l'année est synonyme de bac, et donc de libération de temsp pour réviser l'oral. Après toutes ces années passées et l'expérience accumulée; l'oral parait un jeu d'enfants, et Koolkang décroche enfin le capes après 5 années d'essais. Le goût de la "victoire" est amer, tant les années passées et les déceptions accumulées font que la joie n'est pas totale.
 
Koolkang suit donc avec sérieux mais sans grande conviction la deuxième année de l'IUFM (on en reparlera plus tard). Il rêve d'être muté dans un petit collège de campagne tranquille l'année suivante; et, lui qui n'a pas eu de chance avec l'administration pour le moment, décroche un poste dans un collège tranquille. Le niveau scolaire du collège est catastrophique, mais cela donne plus de motivation, et les élèves sont sympas (ainsi que les collèges).
 
Koolkang est donc dans sa première année aprés l'IUFM, et le travail est énorme. il n'a quasiment jamais fait de cours au collège, et doit donc beaucoup travailler sur sa manière d'enseigner à ces niveaux. Mais le travail est passionant, et les années de galères sont maintenant terminées.
Il repartira peut-être un jour en Lycée, mais ce n'est pas le but pour le moment.
 
Voilà l'histoire de Koolkang, c'est à dire la mienne. Cette présentation vous aura peut-être déplue, mais cela vous donne mon état d'esprit en allant bosser le matin, c'est à dire avec la "banane".
 
Bon je vais quand même aller bosser et préparer mes vacances de cet été.
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Commentaires
C
Bonjour :-) <br /> <br /> Votre blog est une chouette initiative, j'ignore toutefois s'il est récent ou si vous le tenez régulièrement. Je suis une jeune diplomé d'école d'ingénieur débutant tout juste dans la vie active et ... il s'avère que ma position ne m'enchante guère, pas franchement la banane de me lever le matin... Je donne des cours particuliers depuis 6 ans maintenant, et c'est quelques choses qui m'apporte beaucoup. Je songe à une reconversion en tant que professeur de mathématiques. Serait il possible d'échanger avant que je vous pose plus de question sur votre profession ? :-) <br /> <br /> En vous remerciant par avance. Coralie
C
Huum... Parler de la droite ici est un peu un endroit mal choisit, surtout que c'est à cause de Sarko qu'il y a eu de plus en plus de suppression de poste d'enseignants alors que la gauche en propose !!!!
C
Un petit bonjour d'une prof de maths qui, comme toi, a eu son bac C avec 5 en histoire-géo et a fait des études de maths parce qu'on lui avait présenté cette matière comme une valeur sûre, là où on donne plein de postes d'enseignant !! (Merci papa). J'aurais préféré faire de l'architecture, de la philo, ou même de la musique, mais non ma fille, il faut être fonctionnaire et même prof : on a plein de vacances et de temps pour rester à la maison pour s'occuper des enfants. Résultat : on se retrouve à bosser 50 heures par semaine (sans compter le temps de récupération, car faire cours, ça vide physiquement) + 4 heures par jour pendant les vacances, on n'est même plus dispo pour aller voir sa famille le week-end et en plus on n'ose pas aller faire ses courses parce qu'on tombe sur des collégiens qui se paient notre poire rien que parce qu'on a eu la mauvaise idée de devenir prof... Le gouvernement a raison : cessons le massacre, diminuons les chances des pauvres étudiants de vivre ce calvaire, en les obligeant à trouver une autre voie ! lol
C
dommage de finir la réputation par les vacances!!<br />
K
salut sarko
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